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Evaluer
l’actualité théorique et pratique de l’animation bénévole et professionnelle
demande de répondre à des questions préalables concernant les
fondations :
- La notion d'animation est-elle, comme on a l'habitude de l'affirmer, une
spécialité socioculturelle et éducative circonscrite à la France, héritée de
l'Education Populaire, elle-même fruit de la philosophie du Siècle des
Lumières, de la République et de courants confessionnels divers ?
- Ou bien co-existe-t-il, sous des appellations multiformes, des pratiques
proches que l'on retrouverait dans des champs d'intervention similaires ?
C'est ainsi que les termes, notions ou concepts de promotion culturelle,
travail ou service social, développement communautaire, démocratie
participative, éducation populaire ou non formelle, communication ou
pédagogie sociale, andragologie, éducation par le temps libre, le loisir, le
tourisme, le sport ou la récréation, pourraient être alors considérés comme
appartenant à un champ sémantique plutôt homogène incluant la notion
d'animation.
- Ou bien s'agit-il de mondes hétérogènes, car ancrés dans des histoires et
des courants idéologiques aux contours contrastés ?
Une deuxième série de questions en intrication avec la précédente
porte plus sur l'évaluation des effets produits par les activités
culturelles, éducatives et sociales quelle que soit l'appellation par
laquelle on les désigne :
- En Europe et dans le monde en général, où la tendance au développement
d'une économie néo-libérale s'affirme de plus en plus, l'animation ne
risque-t-elle pas de s'insérer, de façon privilégiée, dans une politique de
marchandisation des services au détriment de l'accès démocratique aux droits
(à la culture, à la santé, à l'éducation, à un environnement préservé, etc.)
?
- Entre instrumentalisation et liberté des acteurs locaux, quelles
stratégies sont-elles développées dans le quotidien des pratiques ?
- Dans un contexte de mondialisation de l'économie et des cultures, plus
souvent sorte de paravent de la domination des Etats-Unis que déploiement
des intelligences et des savoirs de chaque nation, quels liens l'animation
et ses analogies peuvent-elles créer pour permettre, favoriser et développer
la démocratie participative, la place des citoyens dans la décision
publique, ainsi que la rencontre et l'échange entre les différentes cultures
qui constituent autant de systèmes symboliques d'interprétation du monde ?
- Faut-il ou non considérer comme pertinente, aujourd'hui, la perspective
d'une libération éducative des personnes et des groupes sociaux, par delà
l'école obligatoire, à travers les pratiques du loisir, du temps libre, de
la récréation, du jeu, du sport, du tourisme, vantées hier par l'Education
Populaire ? A quelles conditions ?
- Comment les installations et équipements publics ou privés deviennent-ils
des supports de l'action collective ? Comment nombre d'interventions
s'inscrivent-elles dans une perspective de territorialisation et de
développement local ?
D'autres interrogations de type épistémologique structurent l'état
de la recherche dans le champ délimité au départ de l'initiative du colloque
:
- Comment permettre une réflexion en commun favorisant la rencontre et la
confrontation entre la production théorique (celle des chercheurs et celle
des acteurs) et la production de la société qui est le résultat des
interactions issues des pratiques sociales, culturelles et éducatives,
celles des citoyens ?
- Quels modèles de formations initiale et continue pour favoriser une telle
dialectique ?
- Quelles stratégies de coopération entre différentes disciplines de
référence (sociologie, psychosociologie, anthropologie, géographie,
aménagement, etc.), avec la construction d'une science ou de savoirs de
l'agir, de savoirs de l'action (théoriques, méthodologiques, procéduraux et
stratégiques), d'une praxéologie ?
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