L'animation en France et ses analogies à l'étranger
théories et pratiques - état de la recherche
PRESENTATION


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Sans remonter à la période épique des années soixante, les années quatre-vingt dix et suivantes ont vu à l’IUT Michel de Montaigne (Université de Bordeaux 3) un renforcement lent, mais régulier de l’offre de formation professionnelle et universitaire à la fois pour ce qui concerne l’animation, en lien avec une demande du secteur professionnel régional et même au-delà, mais aussi avec nos partenaires des Fédérations d’Education Populaire, réunis pour la plupart au sein du Comité Régional des Associations de Jeunesse et d’Education Populaire (CRAJEP). Il est sûrement utile de se souvenir ici que le Président du Conseil d’Administration de l’IUT est à la fois un militant et un professionnel de la Fédération Française des Maisons de Jeunes et de la Culture.

Mais il n’y a pas que la formation qui s’est développée : colloques régionaux, publications, recherches, éditions d’ouvrages dans le champ de l’animation, du développement local, de la politique de la ville, de la culture, du sport, du tourisme, de la vie associative, des enjeux autour des équipements sociaux, culturels et sportifs dans le cadre de la « gouvernance » locale, création de collections dans des maisons d’édition locale et même nationale, interventions  dans des colloques, séminaires ou sessions de formation sur le territoire national ou à l’étranger, etc.

Ces évidents signes d’une vitalité théorique et pratique à la fois ne doivent pas cacher qu’il y a encore beaucoup à faire pour favoriser plus encore une perspective d’ouverture du champ de l’animation aux défis qui accompagnent les évolutions de nos sociétés. C’est donc pour capitaliser  tout cet ensemble d’initiatives qu’est née, il y a maintenant plus de 2 ans et demi, l’idée de réaliser ce colloque international qui a été préparé par plusieurs missions à l’étranger, en Europe, en Amérique latine et au Canada: «  seul le diable ne rêve pas », nous propose un proverbe kazakh.

Dès le départ, les objectifs ont été définis et devront être réévalués à la lumière de cette première rencontre. Rappelons-les ici :

 - Réaliser un état des lieux sur la situation de l'animation et de ses analogies en France et à l'étranger,

 - Favoriser la rencontre et la confrontation entre producteurs de théories et producteurs de la société, entre chercheurs et acteurs, les uns et les autres pouvant alternativement jouer les deux rôles, car comme l’écrit Régis Debray : « Entre une pratique sans tête et une théorie sans jambe, il n’y aura jamais à choisir ».

 -  Constituer un réseau qui, à partir de cultures partagées, s'enrichisse des différences et puisse faciliter l'élaboration de dialogues en Amérique, en Europe et plus tard en Afrique,  bref dans cette « terre patrie » dont parle Edgar Morin.

 Nous avons déjà présenté le sens du colloque, notamment sur le site officiel : nous rappellerons que l’animation comme forme professionnalisée de pratiques collectives s'est constituée en France dans le sillage de l'Education Populaire, de l'Action Sociale et de l’Action Culturelle. Ce colloque vise à réaliser un état des lieux sur la situation de l'animation et de ses analogies, en France et à l'étranger, en proposant cinq axes de recherche concernant les fondations, le contexte politique et le rôle des acteurs, les approches scientifiques, les modèles de formation, les espaces de pratiques.

 Notre volonté d’évaluer l'actualité théorique et pratique de l'animation bénévole et professionnelle demande de répondre à des questions préalables concernant les fondations :

 - La notion d'animation est-elle, comme on a l'habitude de l'affirmer, une spécialité socioculturelle et éducative circonscrite à la France, héritée de l'Education Populaire, elle-même fruit de la philosophie du Siècle des Lumières, de la République et de courants confessionnels divers ? En ce cas, l'existence de la notion au-delà des frontières nationales de l'hexagone, et en particulier en Europe,  pourrait être attribuée à l'influence historique exercée par la France sur les plans linguistiques ou idéologiques, se prolongeant d'ailleurs jusqu'au Québec et dans certains pays d'Amérique Latine, en ce cas par l'intermédiaire des voies de communication hispaniques et lusitaniennes.

 - Ou bien co-existe-il, sous des appellations multiformes, des pratiques proches que l'on retrouverait dans des champs d'intervention identiques ? C'est ainsi que les termes, notions ou concepts de promotion culturelle, travail ou service social, développement communautaire, démocratie participative, éducation populaire ou non formelle, communication ou pédagogie sociale, andragologie, éducation par le temps libre, le loisir, le tourisme, le sport ou la récréation, pourraient être alors considérés comme appartenant à un champ sémantique homogène incluant la notion d'animation.

 - Ou bien s'agit-il de mondes hétérogènes, car ancrés dans des histoires et des courants idéologiques aux contours contrastés ? Par exemple, qu'y aurait-il de commun entre des orientations et des pratiques issues de la théologie de la libération, de la pédagogie des opprimés, de l'approche ethno-communautaire, d'un travail social s'appuyant sur une perspective anti-capitaliste et celles ayant produit le champ de l'animation dont beaucoup de chercheurs et de praticiens soupçonnent, dans la réalité présente, la perte des valeurs d'égalité et de justice qui l'aurait portée à ses débuts ?

 Une deuxième série de questions en intrication avec la précédente porte plus sur l'évaluation des effets produits par les activités culturelles, éducatives et sociales quelle que soit l'appellation par laquelle on les désigne :

En Europe, où la tendance au développement d'une économie néo-libérale s'affirme de plus en plus, l'animation ne risque-t-elle pas de s'insérer, de façon privilégiée, dans une politique de marchandisation des services au détriment de l'accès démocratique aux droits (à la culture, à la santé, à l'éducation, à un environnement préservé, etc.) ? Qu'en est-il des relations entre économie marchande, services publics et tiers secteur (c'est-à-dire l'économie sociale et solidaire liée à la vie associative, support juridique premier de l'animation bénévole et professionnelle) ?

 En France plus particulièrement, mais pas seulement, quels rôles sont-ils joués par les acteurs de l'animation et du développement social et local face à la prégnance des politiques publiques en matière de jeunesse, d'éducation, de politique de la ville, que ce soit dans ses formes étatiques ou décentralisées ? Entre instrumentalisation et liberté des acteurs locaux, quelles sont les stratégies développées dans le quotidien des pratiques ?

Dans un contexte de mondialisation de l'économie et des cultures, plus souvent sorte de paravent de la domination des Etats-Unis que déploiement des intelligences et des savoirs de chaque nation, quels liens l'animation et ses analogies peuvent-elles créer pour permettre, favoriser et développer la démocratie participative, la place des citoyens dans la décision publique, ainsi que la rencontre et l'échange entre les différentes cultures qui constituent autant de systèmes symboliques d'interprétation du monde ? Comment « faire de la musique ensemble, tout en restant soi-même », questionne François Dubet ? L’universalité doit-elle bénéficier de la diversité et non l’exclure ?

 Faut-il ou non considérer comme pertinente, aujourd'hui, la perspective d'une libération éducative des personnes et des groupes sociaux, par delà l'école obligatoire, à travers les pratiques du loisir, du temps libre, de la récréation, du jeu, du sport, du tourisme, vantées hier par l'Education Populaire ? A quelles conditions ?

 D'autres interrogations de type épistémologique structurent l'état de la recherche dans le champ délimité au départ de l'initiative du colloque. Les réponses apportées conditionnent les bases solides d'une coopération qui ne soit pas sans lendemain. Une ouverture sera possible à l'avenir à d'autres pays et d'autres continents, à condition que les perspectives soient clairement établies entre les participants fondateurs :

- Comment permettre une réflexion en commun favorisant la rencontre et la confrontation entre la production théorique (celle des chercheurs et celle des acteurs) et la production de la société qui est le résultat des interactions issues des pratiques sociales, culturelles et éducatives, celles des citoyens ? Quels modèles de formations initiale et continue pour favoriser une telle dialectique ? Quelles stratégies de coopération entre différentes disciplines de référence (sociologie, psychosociologie, anthropologie, géographie, aménagement, etc.), avec la construction d'une science ou de savoirs de l'agir, de savoirs de l'action (théoriques, méthodologiques, procéduraux et stratégiques), d'une praxéologie ?

 En outre, les questionnements suivants doivent être posés concernant le thème de la formation des professionnels du système d'action étudié :

-  Quel rapport entre les éléments théoriques et pratiques dans la formation ? Quelles formes d'alternance ? Quels modèles pédagogiques ? Quels apprentissages ? Quelle part des professionnels dans la définition des programmes, leur déroulement et leur évaluation ? Quelle validation des acquis professionnels ou bénévoles et volontaires ? Quelle définition et quelle sorte de diplômes, universitaires ou non ? Nationaux ou non ?

Enfin, il est nécessaire d'interroger la façon dont l'ensemble de ces pratiques s'organise dans des lieux et des espaces particuliers de socialisation :

- Comment les installations et équipements publics ou privés deviennent-ils des supports de l'action collective ? Comment nombre d'interventions s'inscrivent-elles dans une perspective de territorialisation et de développement local ? Comment les démarches organisées ou libres dans les espaces publics des villes sont-elles un moyen pour favoriser les relations humaines et sociales et les expériences, offrant ainsi aux habitants une capacité à créer de l'urbanité ?

Pour terminer, nous remercions les différents partenaires de cette entreprise, notamment le parrainage du Ministère de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la Recherche, le soutien de la Délégation Interministérielle à la Ville (Ministère des Affaires Sociales), du Ministère des Sports, du Ministère des Affaires Etrangères, de l’ONMAS (Observatoire National des Métiers de l’Animation et du Sport), de l’INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire), de l’Agence Universitaire de la Francophonie, du Centre d’Etudes Canadiennes, de la MSHA (Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine), du Conseil Régional d’Aquitaine, du Conseil Général de la Gironde, du LARSEF (Laboratoire de Recherche en Sciences de l’Education et la Formation- Université de Bordeaux 2), du  Pôle Universitaire Européen de Bordeaux et l’appui du Conseil de l’Europe, du Parlement européen, du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Mairie de Bordeaux.

Il ne faut pas oublier les membres du Comité scientifique et du Comité d’organisation, les personnels de l’IUT (enseignants et personnels de services, en particulier les divers secrétariats) avec une mention particulière à mes collègues et amis : Jean-Pierre Augustin pour sa collaboration permanente et Jean-Pierre Descamps pour le site qu’il a géré, jusque parfois au plus profond de la nuit ! Nous ne pouvons omettre assurément toute l’équipe technique d’OBJECTIF-Congrès et de Dakota-Voyages pour leur gentillesse, efficacité et bonne humeur.

Il en est de même pour les traducteurs des résumés : une doctorante de Bordeaux 3, Cristina Costa,  ma collègue brésilienne de Sao Paulo Mariangela Wanderley, mon collègue portugais de l’Université de Trás-os-Montes e Alto Douro  Americo Nunes Peres et votre serviteur pour tous les textes en espagnol.

C’est donc dans un cadre constitué  de chercheurs et de techniciens qu’il a été possible de mettre en oeuvre l’approche scientifique et interdisciplinaire du colloque (sont rassemblés ici des sociologues, des psychologues, des psychologues sociaux, des anthropologues, des ethnologues, des pédagogues et des chercheurs en sciences de l’éducation ou en travail social ou culturel, des historiens, des géographes, des philosophes, etc.). On y retrouve bien sûr des animateurs professionnels, des responsables administratifs ou d’associations, des volontaires, des militants.

Nous avons désormais un projet collectif: nous pouvons nous en saisir, car n’oublions pas que « nous sommes faits de l’étoffe de nos songes » (Michelet).     

                                                           Jean-Claude Gillet
Professeur des Universités

Coordonnateur du Comité scientifique

 

 

L’ANIMATION EN FRANCE ET SES ANALOGIES À L'ÉTRANGER Théories et pratiques - état de la recherche
1er COLLOQUE INTERNATIONAL EUROPE / AMERIQUE - 4 / 5 / 6 Novembre 2003 - BORDEAUX (FRANCE)
organisé par le DEPARTEMENT CARRIERES SOCIALES (option Animation Sociale et Socioculturelle) de l'IUT MICHEL DE MONTAIGNE - UNIVERSITE DE BORDEAUX 3

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