Avec
le soutien de
la délégation au développement et à l'action territoriale
du Ministère de la Culture et de la Communication
OBSERVATOIRE NATIONAL
DES METIERS
DE L'ANIMATION
ET DU SPORT
PARLEMENT EUROPEEN
Avec l’appui du LARSEF
(Laboratoire
de recherches en
sciences de l’éducation
et de la formation
l’Université
Victor Segalen
- Bordeaux 2)
et du
Centre
d’Etudes Canadiennes
(Université
Michel de Montaigne
- Bordeaux 3).
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PRESENTATION DU 1° COLLOQUE 4/5/6 nov. 2003 Bordeaux FRANCE
Sans remonter à la période épique
des années soixante, les années quatre-vingt dix et suivantes ont vu à l’IUT
Michel de Montaigne (Université de Bordeaux 3) un renforcement lent, mais
régulier de l’offre de formation professionnelle et universitaire à la fois
pour ce qui concerne l’animation, en lien avec une demande du secteur
professionnel régional et même au-delà, mais aussi avec nos partenaires des
Fédérations d’Education Populaire, réunis pour la plupart au sein du Comité
Régional des Associations de Jeunesse et d’Education Populaire (CRAJEP). Il
est sûrement utile de se souvenir ici que le Président du Conseil
d’Administration de l’IUT est à la fois un militant et un professionnel de
la Fédération Française des Maisons de Jeunes et de la Culture.
Mais il n’y
a pas que la formation qui s’est développée : colloques régionaux,
publications, recherches, éditions d’ouvrages dans le champ de l’animation,
du développement local, de la politique de la ville, de la culture, du
sport, du tourisme, de la vie associative, des enjeux autour des équipements
sociaux, culturels et sportifs dans le cadre de la « gouvernance » locale,
création de collections dans des maisons d’édition locale et même nationale,
interventions dans des colloques, séminaires ou sessions de formation
sur le territoire national ou à l’étranger, etc.
Ces évidents
signes d’une vitalité théorique et pratique à la fois ne doivent pas cacher
qu’il y a encore beaucoup à faire pour favoriser plus encore une perspective
d’ouverture du champ de l’animation aux défis qui accompagnent les
évolutions de nos sociétés. C’est donc pour capitaliser tout cet
ensemble d’initiatives qu’est née, il y a maintenant plus de 2 ans et demi,
l’idée de réaliser ce colloque international qui a été préparé par plusieurs
missions à l’étranger, en Europe, en Amérique latine et au Canada: «
seul le diable ne rêve pas », nous propose un proverbe kazakh.
Dès le
départ, les objectifs ont été définis et devront être réévalués à la lumière
de cette première rencontre. Rappelons-les ici :
-
Réaliser un état des lieux sur la situation de l'animation et de ses
analogies en France et à l'étranger,
-
Favoriser la rencontre et la confrontation entre producteurs de théories et
producteurs de la société, entre chercheurs et acteurs, les uns et les
autres pouvant alternativement jouer les deux rôles, car comme l’écrit Régis
Debray : « Entre une pratique sans tête et une théorie sans jambe, il n’y
aura jamais à choisir ».
-
Constituer un réseau qui, à partir de cultures partagées, s'enrichisse des
différences et puisse faciliter l'élaboration de dialogues en Amérique, en
Europe et plus tard en Afrique, bref dans cette « terre patrie » dont
parle Edgar Morin.
Nous
rappellerons que l’animation comme forme professionnalisée de pratiques
collectives s'est constituée en France dans le sillage de l'Education
Populaire, de l'Action Sociale et de l’Action Culturelle. Ce colloque vise à
réaliser un état des lieux sur la situation de l'animation et de ses
analogies, en France et à l'étranger, en proposant cinq axes de recherche
concernant les fondations, le contexte politique et le rôle des acteurs, les
approches scientifiques, les modèles de formation, les espaces de pratiques.
Notre
volonté d’évaluer l'actualité théorique et pratique de l'animation bénévole
et professionnelle demande de répondre à des questions préalables concernant
les fondations :
- La notion
d'animation est-elle, comme on a l'habitude de l'affirmer, une spécialité
socioculturelle et éducative circonscrite à la France, héritée de
l'Education Populaire, elle-même fruit de la philosophie du Siècle des
Lumières, de la République et de courants confessionnels divers ? En ce cas,
l'existence de la notion au-delà des frontières nationales de l'hexagone, et
en particulier en Europe, pourrait être attribuée à l'influence
historique exercée par la France sur les plans linguistiques ou
idéologiques, se prolongeant d'ailleurs jusqu'au Québec et dans certains
pays d'Amérique Latine, en ce cas par l'intermédiaire des voies de
communication hispaniques et lusitaniennes.
- Ou bien
co-existe-il, sous des appellations multiformes, des pratiques proches que
l'on retrouverait dans des champs d'intervention identiques ? C'est ainsi
que les termes, notions ou concepts de promotion culturelle, travail ou
service social, développement communautaire, démocratie participative,
éducation populaire ou non formelle, communication ou pédagogie sociale,
andragologie, éducation par le temps libre, le loisir, le tourisme, le sport
ou la récréation, pourraient être alors considérés comme appartenant à un
champ sémantique homogène incluant la notion d'animation.
- Ou bien
s'agit-il de mondes hétérogènes, car ancrés dans des histoires et des
courants idéologiques aux contours contrastés ? Par exemple, qu'y aurait-il
de commun entre des orientations et des pratiques issues de la théologie de
la libération, de la pédagogie des opprimés, de l'approche
ethno-communautaire, d'un travail social s'appuyant sur une perspective
anti-capitaliste et celles ayant produit le champ de l'animation dont
beaucoup de chercheurs et de praticiens soupçonnent, dans la réalité
présente, la perte des valeurs d'égalité et de justice qui l'aurait portée à
ses débuts ?
Une
deuxième série de questions en intrication avec la précédente porte plus sur
l'évaluation des effets produits par les activités culturelles, éducatives
et sociales quelle que soit l'appellation par laquelle on les désigne :
En Europe,
où la tendance au développement d'une économie néo-libérale s'affirme de
plus en plus, l'animation ne risque-t-elle pas de s'insérer, de façon
privilégiée, dans une politique de marchandisation des services au détriment
de l'accès démocratique aux droits (à la culture, à la santé, à l'éducation,
à un environnement préservé, etc.) ? Qu'en est-il des relations entre
économie marchande, services publics et tiers secteur (c'est-à-dire
l'économie sociale et solidaire liée à la vie associative, support juridique
premier de l'animation bénévole et professionnelle) ?
En France
plus particulièrement, mais pas seulement, quels rôles sont-ils joués par
les acteurs de l'animation et du développement social et local face à la
prégnance des politiques publiques en matière de jeunesse, d'éducation, de
politique de la ville, que ce soit dans ses formes étatiques ou
décentralisées ? Entre instrumentalisation et liberté des acteurs locaux,
quelles sont les stratégies développées dans le quotidien des pratiques ?
Dans un
contexte de mondialisation de l'économie et des cultures, plus souvent sorte
de paravent de la domination des Etats-Unis que déploiement des
intelligences et des savoirs de chaque nation, quels liens l'animation et
ses analogies peuvent-elles créer pour permettre, favoriser et développer la
démocratie participative, la place des citoyens dans la décision publique,
ainsi que la rencontre et l'échange entre les différentes cultures qui
constituent autant de systèmes symboliques d'interprétation du monde ?
Comment « faire de la musique ensemble, tout en restant soi-même »,
questionne François Dubet ? L’universalité doit-elle bénéficier de la
diversité et non l’exclure ?
Faut-il ou
non considérer comme pertinente, aujourd'hui, la perspective d'une
libération éducative des personnes et des groupes sociaux, par delà l'école
obligatoire, à travers les pratiques du loisir, du temps libre, de la
récréation, du jeu, du sport, du tourisme, vantées hier par l'Education
Populaire ? A quelles conditions ?
D'autres
interrogations de type épistémologique structurent l'état de la recherche
dans le champ délimité au départ de l'initiative du colloque. Les réponses
apportées conditionnent les bases solides d'une coopération qui ne soit pas
sans lendemain. Une ouverture sera possible à l'avenir à d'autres pays et
d'autres continents, à condition que les perspectives soient clairement
établies entre les participants fondateurs :
- Comment
permettre une réflexion en commun favorisant la rencontre et la
confrontation entre la production théorique (celle des chercheurs et celle
des acteurs) et la production de la société qui est le résultat des
interactions issues des pratiques sociales, culturelles et éducatives,
celles des citoyens ? Quels modèles de formations initiale et continue pour
favoriser une telle dialectique ? Quelles stratégies de coopération entre
différentes disciplines de référence (sociologie, psychosociologie,
anthropologie, géographie, aménagement, etc.), avec la construction d'une
science ou de savoirs de l'agir, de savoirs de l'action (théoriques,
méthodologiques, procéduraux et stratégiques), d'une praxéologie ?
En outre,
les questionnements suivants doivent être posés concernant le thème de la
formation des professionnels du système d'action étudié :
- Quel
rapport entre les éléments théoriques et pratiques dans la formation ?
Quelles formes d'alternance ? Quels modèles pédagogiques ? Quels
apprentissages ? Quelle part des professionnels dans la définition des
programmes, leur déroulement et leur évaluation ? Quelle validation des
acquis professionnels ou bénévoles et volontaires ? Quelle définition et
quelle sorte de diplômes, universitaires ou non ? Nationaux ou non ?
Enfin, il
est nécessaire d'interroger la façon dont l'ensemble de ces pratiques
s'organise dans des lieux et des espaces particuliers de socialisation :
- Comment
les installations et équipements publics ou privés deviennent-ils des
supports de l'action collective ? Comment nombre d'interventions
s'inscrivent-elles dans une perspective de territorialisation et de
développement local ? Comment les démarches organisées ou libres dans les
espaces publics des villes sont-elles un moyen pour favoriser les relations
humaines et sociales et les expériences, offrant ainsi aux habitants une
capacité à créer de l'urbanité ?
Pour
terminer, nous remercions les différents partenaires de cette entreprise,
notamment le parrainage du Ministère de la Jeunesse, de l’Education
Nationale et de la Recherche, le soutien de la Délégation Interministérielle
à la Ville (Ministère des Affaires Sociales), du Ministère des Sports, du
Ministère des Affaires Etrangères, de l’ONMAS (Observatoire National des
Métiers de l’Animation et du Sport), de l’INJEP (Institut National de la
Jeunesse et de l’Education Populaire), de l’Agence Universitaire de la
Francophonie, du Centre d’Etudes Canadiennes, de la MSHA (Maison des
Sciences de l’Homme d’Aquitaine), du Conseil Régional d’Aquitaine, du
Conseil Général de la Gironde, du LARSEF (Laboratoire de Recherche en
Sciences de l’Education et la Formation- Université de Bordeaux 2), du
Pôle Universitaire Européen de Bordeaux et l’appui du Conseil de l’Europe,
du Parlement européen, du Ministère de la Culture et de la Communication, de
la Mairie de Bordeaux.
Il ne faut
pas oublier les membres du Comité scientifique et du Comité d’organisation,
les personnels de l’IUT (enseignants et personnels de services, en
particulier les divers secrétariats) avec une mention particulière à mes
collègues et amis : Jean-Pierre Augustin pour sa collaboration permanente et
Jean-Pierre Descamps pour le site qu’il a géré, jusque parfois au plus
profond de la nuit ! Nous ne pouvons omettre assurément toute l’équipe
technique d’OBJECTIF-Congrès et de Dakota-Voyages pour leur gentillesse,
efficacité et bonne humeur.
Il en est de
même pour les traducteurs des résumés : une doctorante de Bordeaux 3,
Cristina Costa, ma collègue brésilienne de Sao Paulo Mariangela
Wanderley, mon collègue portugais de l’Université de Trás-os-Montes e Alto
Douro Americo Nunes Peres et votre serviteur pour tous les textes en
espagnol.
C’est donc
dans un cadre constitué de chercheurs et de techniciens qu’il a été
possible de mettre en oeuvre l’approche scientifique et interdisciplinaire
du colloque (sont rassemblés ici des sociologues, des psychologues, des
psychologues sociaux, des anthropologues, des ethnologues, des pédagogues,
des économistes des juristes et des chercheurs en sciences de l’éducation ou
en travail social ou culturel, des historiens, des géographes, des
philosophes, etc.). On y retrouve bien sûr des animateurs professionnels,
des responsables administratifs ou d’associations, des volontaires, des
militants.
Nous avons
désormais un projet collectif: nous pouvons nous en saisir, car n’oublions
pas que « nous sommes faits de l’étoffe de nos songes » (Michelet).
Jean-Claude Gillet
Professeur des Universités
Coordonnateur du Comité scientifique
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